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L'art-thérapie en oncologie ou comment être intégratif

Photo du rédacteur: Jean MaricotJean Maricot

Dernière mise à jour : 27 févr.

Deux études très récentes, "Sens et motions" et "Les arts-thérapies en oncologie : la création au service de l'accompagnement des patients atteints de cancer", mettent en lumière les bienfaits des arts-thérapies et montrent comment elles peuvent améliorer la qualité de vie des patients. L'art-thérapie se révèle être un outil précieux dans le traitement des patients atteints de cancer, offrant un espace de création et de transformation qui complète les soins médicaux conventionnels. C'est aussi l'occasion de mieux comprendre ce qu'on appelle la médecine intégrative, qui complète le parcours de soins conventionnels par des soins autres, notamment psychologiques.

"Sens et motions" : une approche sensorielle de l'art-thérapie


Publiée dans le Canadian Journal of Art Therapy, l'étude "Sens et motions" est une enquête qualitative et quantitative effectuée par une équipe de psychiatres et art-thérapeutes de l'Université de Toulouse Jean Jaurès, composée de Jean-Luc Sudres, acteur de l'unification des art-thérapeutes, Lionel Delpech et Marie Lelièvre. Ils explorent l'impact d'un programme d'art-thérapie centré sur les sens, partant de l'idée que la maladie vient modifier le corps et donc la perception qu'on en a. Ce programme de cinq séances, axé sur l'ouïe, le goût, la vue, le toucher et l'odorat, aide les patients à se reconnecter avec leur corps et leurs émotions. Les résultats indiquent une amélioration significative de la qualité de vie et une réduction de la fatigue chez les participants.

Les séances, guidées par une art-thérapeute, permettent aux patients d'explorer et d'exprimer leurs émotions de manière non verbale. Par exemple, la séance sur l'ouïe invite les participants à écouter leurs émotions à travers des traits graphiques, tandis que celle sur le goût utilise la couleur pour stimuler le "goût de vivre". Ce processus aide les patients à mieux gérer les effets secondaires de leur traitement et à retrouver un sentiment de contrôle sur leur vie.

"Les arts-thérapies en oncologie" : la création comme ressource


C'est dans Le journal de l'hypnose et de la santé intégrative qu'est parue l'étude "Les arts-thérapies en oncologie", rédigée par Viviane Jauffret Seron, dramathérapeute, Jean-Pierre Klein, psychiatre et pionnier de l'art-thérapie en France et Alain Tolédano. Ils examinent comment différentes formes d'art-thérapie, telles que la musicothérapie, la danse-thérapie, l'art-thérapie plastique ou la dramathérapie peuvent soutenir les patients atteints de cancer. L'art-thérapie est présentée comme un moyen de mobiliser le corps et l'esprit, permettant aux patients de transformer leur expérience de la maladie en un processus créatif et émancipateur.

Les art-thérapeutes jouent un rôle crucial en guidant les patients dans un espace de création sécurisant et bienveillant. Ce cadre permet aux patients de s'exprimer librement et de retrouver un sentiment de pouvoir d'agir, souvent perdu dans le contexte médical. La création artistique devient ainsi un outil de résilience, aidant les patients à naviguer dans les défis émotionnels et physiques de leur maladie.


femme souriante qui nous regarde, elle n'a plus de cheveux. Des ballons à l'arrière-plan dans une chambre d'hopital
Image crée à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre le cancer

Le cas de Marine, illustration de la puissance de l'art-thérapie


Le cas de Marine, une artiste plasticienne atteinte de cancer du sein, illustre de manière poignante la puissance de l'art-thérapie. À travers diverses formes d'expression artistique, Marine transforme son expérience de la maladie en une œuvre porteuse de sens et de beauté. Elle utilise la sculpture, la peinture et même le rasage de son crâne comme des moyens de s'approprier la maladie et de transcender ses effets négatifs.

Marine décrit son processus créatif comme un moyen de symboliser et d'extérioriser ses émotions. Par exemple, elle transforme l'expérience souvent douloureuse de l'alopécie (la perte des poils et cheveux) en une œuvre d'art, en sculptant son crâne rasé et en le présentant comme une offrande à ses amis artistes. Ce processus lui permet de retrouver un sentiment de contrôle et de beauté, même dans les moments les plus difficiles de son parcours.


Comment être intégratif ?


Les deux études diffèrent par leurs approches. Dans la revue académique canadienne, un effort particulier est fait pour objectiver et mesurer les effets thérapeutiques. Les questionnaires, statistiques et tableaux sont utilisés pour étayer l'hypothèse initiale de manière détaillée. Les auteurs s'adressent à la communauté médicale, inscrivant ainsi les arts-thérapies dans le champs scientifique. Dans l'article paru dans le Journal de l'hypnose, on s'intéresse davantage aux mécanismes psychologiques à l'oeuvre. Le déploiement du cas particulier de Marine vient donner corps à la démarche et promeut la centralité de l'alliance thérapeutique.

Parallèlement, l'étude canadienne conclue en se référant aux Thérapie Cognitive et Comportementale (TCC) de troisième vague, alors que l'étude française se rapproche d'une psychanalyse post-freudienne avec Donald Winicott et le concept du "care". Différentes par leur approche et leur références théoriques, elles concluent pourtant de façon très convergente, montrant l'apport bénéfique des arts-thérapies dans un parcours de soin en oncologie. Comme si la plongée dans la pratique art-thérapeutique permettait un dépassement des oppositions théoriques, ou comme si les arts-thérapies pouvaient réunir les différentes approches théoriques. Une autre façon d'être intégratif.


Conclusion


En offrant un espace de création et de transformation, les arts-thérapies permettent aux patients de s'exprimer, de se reconnecter avec eux-mêmes et de retrouver un sentiment de contrôle et de pouvoir d'agir. Il s'agit d'une démarche dites intégrative, dans le sens ou les soins apportés par les arts-thérapeutes viennent soutenir et compléter l'ensemble du parcours de soins des patients. Un concept qui peut sans doute s'étendre dans la prise en charge de maladies chroniques invalidantes, je pense en particulier aux personnes atteintes de scléroses en plaques ou de suites d'AVC, ou d'autres encore, comme j'ai l'occasion de le faire.

 
 
 

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